J'attendais assise sur un pauvre banc gelé le prochain bus. J'avais l'impression que cela faisait une éternité que j'étais là, dans le froid le plus glacial. Mes membres étaient congelés et ma peau toute irritée, c'était insupportable, je n'avais même pas le courage de remonter ma manche pour vérifier l'heure. Je voulais juste qu'il arrive, que je puisse enfin me reposer d'une journée affreuse dans mon lit bien chaud.

Je disais "journée affreuse" mais c'est ce que je dis à chaque fois, entre les autres élèves bruyants et irrespectueux de tout , les professeurs qui ont l'air complètement dépassés par ces derniers, les cours qui me feraient mourir d'ennui, le fait que je sois complètement invisible (J'avoue ne pas faire vraiment d'efforts pour que l'on me remarque, mais cela me dérange tout de même d'avoir l'impression de ne pas exister) et les médicaments qui m'empêchent de fuir tout cela je n'en pouvais plus, et puis voilà que ce tas de ferraille n'était pas capable d'être là un peu plus vite. 

Je soupirais. Le fait qu'il n'y avait personne d'autre que moi n'arrangeait pas les choses, j'avais cette impression de vide et de solitude qui me refroidissait encore plus, j'aurais été capable de me mettre à pleurer si mes joues n'était pas déjà assez irritées.

La nuit commençait à tomber, je levais les yeux au ciel, le temps aussi faisait des siennes; Je n'apercevais aucune étoiles au travers les nuages de givre. Déception dans mes yeux vides, que quelqu'un me brûle! J'aurais voulu aller rejoindre mes amis, j'aurais voulu pouvoir m'amuser, mais il fallait que je ferme les yeux et la situation m'en empêchait.

Juste quelques minutes

Ma conscience ne cessait de me murmurer ces mots. Je ne pouvais résister, mes paupières se faisaient lourdes, puis tout disparaissait. Le noir complet. Je crois que si quelqu'un passait à ce moment, on pouvait voir un grand sourire sur mes lèvres, sourire coupable, la tentation était trop forte.