J'aurai aimée qu'ils soient la, au moins pour me voir au championnat. Pas le temps qu'ils disaient. Tu sait, les factures vont pas se payer toutes seules. Soit une bonne fille, travaille et fait notre fierté. J'aimai pas quand on me disait ça. Bosse de tous ton cœur, de toute ton âme, et tu pourra être aussi présente pour tes enfants que nous le sommes pour toi. C'est ainsi que je comprenais leurs conseils. Alors très tôt, je leurs ai mis un stop. Moi, travailler ? Pourquoi donc ? On a trois belles maisons, autant de bonnes, et encore plus de personnels mieux payés à regarder la télé qu'a faire convenablement leurs job. Même après votre mort, je pourrai vivre comme une princesse. Et vous voulez me faire travailler ? Mais oui bien sur, je suis entièrement d'accord.

Habituée aux vacances de luxe, et au travail pré mâché, j'ai développée très tôt ce que les spécialistes appellent fainéantise aiguë. Mes parents attendaient bien sur des résultats, mais ceux que je leurs fournissaient n'étaient pas à la hauteur de leurs espérances. Pour me faire changer d'avis, ils m'ont fait miroiter la promesse d'animaux insolites à adopter. Cette année la, à ma plus grande honte, j'ai cartonnée à l'école. C'est dégueulasse de faire du chantage à son enfant, mais je dois dire que c'était la seule façon pour eux d'avoir un ersatz d'emprise sur moi.  

Chaque fois, c'était quelque chose de différent. La pratique d'un nouveau sport, la rencontre avec homme que j'adulai. Tous y passait. Tant que j'avais de bonnes notes, je pouvais obtenir ce que je désirai. Mais je me suis rendue très tôt compte qu'on ne pouvait acheter l'amitié. C'était la seule chose que je ne pouvais avoir, et étrangement celle qui me rendais si déterminée. Chaque échec me rendant plus amère et violente. Le fossé chaque jour plus grand qu'entretenaient mes parents y étaient aussi pour quelque chose. Sans que je ne sache pourquoi, une immense colère commença à m'envahir. Moi même je n'avais pas d'emprise sur elle, c'était comme si … comme si elle avait une volonté propre.

Je fut renvoyée quelques temps plus tard de mon lycée huppé. Ils avaient du mal à tolérer les bagarres. Et manque de chance, j'avais sévis une fois de trop. Mes parents, pour une raison connue d'eux seuls, décidèrent alors de m'envoyer au vert, dans ce lycée composé majoritairement de ploucs sans intérêt.